mercredi 7 novembre 2012

POL "Transomuba"


















POL
"Transomuba"
Odd Size Records, 1994.

"Transomuba" est le premier album de ce groupe, POL (pôle en allemand), constitué de C-Shulz, Christopher Kahse et Marcus Schmickler ce dernier ayant sorti, en 1993, un disque préfigurant en quelque sorte celui-ci, nommé "Onea Gako", il était paru sur le même défunt et excellent label français Odd Size Records.
Le résultat de cette collaboration est une tentative (exercice de style ?) de croisement de genres qui rarement se rencontrent préférant chacun creuser leur sillon en ignorant celui des autres.
Ce qui d'emblée, dès le premier morceau, surprend c'est l'ampleur du son, la spatialisation haute en couleur et les riches textures, on sent que nos trois lascars possèdent de sérieuses compétences question production.
On passe d'une danse tribale ample et sophistiquée (les arrangements de bout en bout sont de toute beauté), mêlant rythmique électronique puissante, chant africanisant, samples de feu de bois et boucle synthétique ondulante (les 14 minutes de "Amupa") à un télescopage de voix délayées dans la réverbération sur une rythmique souple et dub rappelant certains morceaux de The Orb (période "Adventures beyond the ultraworld") pendant que la pluie tombe, puis ce morceau ("Abatu") s’enchaîne au suivant avec une évidence parfaite et nous évoluons vers un univers que n'aurait pas renié Gong ou Ozric Tentacles où les guitares pratiquent une danse du cobra avec des lead synthétiques tandis qu'un chanteur en retrait énonce d'étranges rituels dans une langue non-identifiée.
Les morceaux défilent et les atmosphères s'enfilent, rythmes métronomiques rappelant CAN par ici (proximité oblige, POL étant aussi de Cologne), fracas de la musique métallique et industrielle par là ("Megawegadga"), on ne s'ennuie pas une seule seconde.
Le plus souvent nous visitons, avec un échantillonneur comme propulseur, les contrées méditatives et rituelles d'une musique qu'on sent pertinemment venir de notre aire occidentale mais comme si nos trois aventuriers étant revenus d'une terra incognita et avaient rapporté quantité de reliques sonores et les avaient hybridées avec le plus fin arsenal moderne. De l'ethno-anthropologico-musique en somme sauf qu'ici l’ethnie étudiée reste encore à découvrir. Un beau voyage en tout état de cause.

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