"Transomuba"
Odd Size Records, 1994.
"Transomuba" est le premier album de ce
groupe, POL (pôle en allemand), constitué de C-Shulz, Christopher
Kahse et Marcus Schmickler ce dernier ayant sorti, en 1993, un disque
préfigurant en quelque sorte celui-ci, nommé "Onea Gako", il était
paru sur le même défunt et excellent label français Odd Size
Records.
Le résultat de cette collaboration est
une tentative (exercice de style ?) de croisement de genres qui
rarement se rencontrent préférant chacun creuser leur sillon en
ignorant celui des autres.
Ce qui d'emblée, dès le premier
morceau, surprend c'est l'ampleur du son, la spatialisation haute en
couleur et les riches textures, on sent que nos trois lascars possèdent
de sérieuses compétences question production.
On passe d'une danse tribale ample et
sophistiquée (les arrangements de bout en bout sont de toute beauté), mêlant rythmique électronique puissante, chant
africanisant, samples de feu de bois et boucle synthétique ondulante
(les 14 minutes de "Amupa") à un télescopage de voix délayées dans
la réverbération sur une rythmique souple et dub rappelant certains
morceaux de The Orb (période "Adventures beyond the ultraworld") pendant que la pluie tombe, puis ce
morceau ("Abatu") s’enchaîne au suivant avec une évidence parfaite
et nous évoluons vers un univers que n'aurait pas renié Gong ou
Ozric Tentacles où les guitares pratiquent une danse du cobra avec
des lead synthétiques tandis qu'un chanteur en retrait énonce
d'étranges rituels dans une langue non-identifiée.
Les morceaux défilent et les
atmosphères s'enfilent, rythmes métronomiques rappelant CAN par ici
(proximité oblige, POL étant aussi de Cologne), fracas de la
musique métallique et industrielle par là ("Megawegadga"), on ne
s'ennuie pas une seule seconde.
Le plus souvent nous visitons, avec un
échantillonneur comme propulseur, les contrées méditatives et
rituelles d'une musique qu'on sent pertinemment venir de notre aire
occidentale mais comme si nos trois aventuriers étant revenus d'une
terra incognita et avaient rapporté quantité de reliques sonores
et les avaient hybridées avec le plus fin arsenal moderne. De l'ethno-anthropologico-musique en somme sauf qu'ici l’ethnie étudiée
reste encore à découvrir. Un beau voyage en tout état de cause.
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