AUBE
"Le syndrome aquatique"
Silentes Minimal Editions, 2008.
Réédition de l'album "Aqua
Syndrome" sorti en 1997, avec un deuxième CD de bonus live enregistrés en 1997, en Allemagne et au Japon.
L'intention de départ paraissait noble
et chargée d'espoir : réaliser une musique à partir de sons
naturels d'eau. D'eau qui coule à torrent, au goutte à goutte, en
pluie, qui bouillonne, tourbillonne, qui ronfle quand elle suit son
cours tracé dans le paysage.
Hélas une intention, aussi noble
soit-elle, n'a jamais remplacé une solide réflexion sur
l'architecture à donner à ses sons, même les plus beaux. Ici, le japonais Akifumi Nakajima, l'homme qui se cache derrière le projet Aube, a
trop tourner avec un panel de sons réduit à un monomaniaque "glou-glou", plusieurs goutte à goutte et quelques
ronflements liquides, resserre considérablement le champ des
possibles et se retrouve contraint, le dos au mur, à se répéter et
à accumuler les effets pour essayer de faire passer la pilule. Et
que je te rajoute de la réverbération en veux-tu en voilà, et que
je te noies les sons dans le delay et dans les grondements
magmatiques (bonne idée mais le résultat est un peu court), et que
je laisse tourner une boucle d'écho de goutte pendant cinq minutes
comme dans la fin de "Aqua syndrome II" alors même que
ce morceau est peut-être le meilleur moment de ce disque avec son
superbe crescendo des cinq premières minutes... qui se termine donc,
malheureusement par une accumulation de gouttes réduisant à néant
et diluant l'effet de départ. A d'autres moments la matière
utilisée est tellement rachitique que la pièce s'écroule avant
même d'avoir pu entamer une quelconque élévation ("Refloatation"
et ses 17 minutes).
Ce disque fait partie de ces œuvres à
fort potentiel mais dont les promesses non tenues laissent un mauvais
goût de ratage, une frustration à la hauteur de la déception, même
si cela n'est pas dommageable à la qualité de certains autres
disques de Aube à l'instar de son magnifique "Métal de
métal" sorti seulement un an avant. Comme quoi le monsieur
semble plus inspiré par le métal que par son éternel ennemi corrosif.
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